Le Vermont verdit!

Par Stéfanie Rondou-Pontbriand, ing. jr., M. Sc.

Retour sur la Renewable Energy Vermont Conference & Expo 2014 qui s’est tenue les 16 et 17 octobre derniers au Sheraton Conference Centre, Ă  Burlington, Vermont.

Le Renewable Energy Vermont (REV), une association engagée à réduire la dépendance aux combustibles fossiles du Vermont ainsi qu’à accroître la disponibilité d’énergies renouvelables sur son territoire, a présenté une conférence dont le thème pourrait se résumer ainsi : dans le contexte des défis posés par les changements climatiques, le Vermont s’est donné pour objectif de combler la quasi-totalité (90 %) de ses besoins énergétiques par des sources renouvelables d’ici 2050.

Au Vermont, les conséquences des changements climatiques ont un impact réel sur la population et les industries. Le vortex polaire, les dégâts causés par Irene ainsi que les nombreuses pannes de l’hiver dernier ont grandement contribué à sensibiliser les Vermontois. Une véritable prise de conscience sociale ainsi qu’une volonté d’agir rapidement se dégagent des différentes présentations ainsi que des discussions avec les participants du REV. Entrepreneurs, acteurs municipaux, membres d’institution, délégations législatives et simples citoyens curieux se sont d’ailleurs côtoyés au cours de ce colloque.

Pour atteindre sa cible ambitieuse, le Vermont prône la convergence des canaux énergétiques : électricité, chaleur et transport, ainsi que la diversification de son éventail d’énergies renouvelables. Bien que le solaire photovoltaïque soit très populaire, plusieurs autres options ont été abordées au cours des présentations : panneaux solaires thermiques, bâtiments passifs (net zéro), électrification des transports, etc. Cet état possède également d’abondantes ressources (résidus forestiers) pour permettre la production de biomasse. De plus, le projet pilote « Big Bertha », un digesteur anaérobique générant de l’énergie pour le Vermont Technical College à partir des résidus agricoles et du fumier de la ferme attenante, suggère une nouvelle approche pour les nombreux sites ruraux du Vermont.

Les conclusions des présentations permettent également de dégager trois éléments clés qui doivent imprégner le plan d’action du Vermont : la précision et la diversité des modèles, l’efficacité énergétique ainsi que la dimension humaine et son comportement.

La modélisation énergétique est primordiale afin d’atteindre les cibles. Pour répondre efficacement aux besoins, tout en couvrant une analyse à différentes échelles, plusieurs modèles sont requis. Par exemple, les municipalités ont avantage à effectuer leur planification énergétique à partir de données géospatiales telles que l’âge des bâtiments, l’âge de la population, la localisation des marchés et des restaurants, etc. Les modèles traitant de l’analyse de cycle de vie des énergies renouvelables permettent quant à eux de prendre conscience que toutes les sources d’énergie sont responsables directement ou indirectement d’émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, en comparant les émissions entre les différentes sources, il est possible de faire des choix éclairés.

L’efficacité énergétique est au cœur de cette révolution verte. Étant donnée la limitation des ressources, il faut mieux produire, gérer et consommer. Pour Steven J. Strong, un pionnier du solaire passif aux États-Unis, l’efficacité énergétique constitue la base de tout projet durable. Ayant participé activement à la conception du Bullitt Centre (bâtiment le plus « vert » au monde), ce dernier a très bien compris que la viabilité et le succès d’un projet dépendent de la performance des systèmes et d’un important engagement du client. Et c’est seulement une fois ces éléments réunis, que les énergies renouvelables peuvent être intégrées.

 Enfin, comme le spécifiaient certains professeurs de l’Université du Vermont, la transition des combustibles fossiles vers des énergies vertes ne constitue pas qu’une simple substitution technique : le changement social est aussi essentiel. Les travaux présentés au colloque ont d’ailleurs souligné l’importance de bien cerner la population, de s’imprégner de leurs valeurs communautaires et de comprendre le contexte, son caractère évolutif ainsi que son influence sur les politiques.

Fidèle à son côté avant-gardiste, le Vermont qui fut le second État à abolir l’esclavage (derrière le Rhode Island) semble résolu à se sortir de sa dépendance aux combustibles fossiles. Dans sa lutte aux changements climatiques, le Québec peut donc compter sur un partenaire engagé!

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